Parmi les nombreuses interpellations qui sont faites aux candidats aux élections législatives figure celle du Comité de Défense de la Gare de Saint-Sébastien et autres Services Publics, consultable en cliquant ici.
Outre le problème propre à Saint-Sébastien, les auteurs de ce questionnaire posent de manière plus générale la question des services publics en France, et particulièrement dans le monde rural.
Tarifs des services publics
L'association fait état d'une augmentation de 60 % en 10 ans d'un tarif Paris > Saint-Sébastien et de 900 % sur la même période pour le tarif appliqué aux associations par la Banque Postale. Je n'irai pas les contredire, persuadée qu'ils ont correctement établi leurs comparaisons mais je ne commenterai pas ces augmentations particulières.
S'il est certes raisonnable de tenir compte de l'évolution des coûts pour assurer la rentabilité d'une entreprise qu'elle soit publique ou privée, il n'est pas rare d'observer des dérapages plus particulièrement dans le public. Je me suis souvent posée la question : est-ce par manque d'aptitude à gérer des considérations commerciales ou est-ce une politique délibérée pour détruire progressivement tel ou tel service ... "en douceur" ...?
Ce n'est en tous cas pas acceptable ni en termes économiques, ni en termes sociaux. Alors, OUI, si je suis élue, je m'engage à faire en sorte que :
- les tarifs des transports propres (train, métro ...) soient contrôlés et encadrés ;
- la gestion commerciale des "petites gares" soit adaptée au fait qu'elles représentent un service public de proximité et que les tarifs les concernant soient particulièrement attractifs pour inciter les citoyens à en profiter ;
- la Banque Postale offre un service réel dans le monde rural avec une véritable présence sur le terrain justifiant des tarifs équitables.
Les dessertes
L'association constate que le chiffre d'affaires de la SNCF sur le secteur avait augmenté de 37 % en 9 ans lorsque la gare disposait de dessertes fonctionnelles et que le chiffre avait baissé suite à leurs suppressions.
C'est une vérité de Lapalisse que de dire qu'on perd du chiffre d'affaires quand on limite une activité. C'est une autre vérité de Lapalisse de dire que, quand on limite une activité, on en limite aussi son fonctionnement au travers des suppressions de poste.
Il y a donc là un double enjeu, à la fois économique et social.
Alors, OUI, il faut tout faire pour remettre en fonction les dessertes intercités à Saint-Sébastien le vendredi et le dimanche mais au-delà, il faut remettre sur les rails une véritable politique de transport local avec la Région qui soit véritablement tournée vers le social plutôt que vers la course au profit : le développement de l'emploi passe aussi par la mobilité. Encore faut-il qu'elle soit possible, notamment pour les jeunes.
La catastrophe de Brétigny
Tout un chacun ne peut qu'afficher sa solidarité avec les victimes de ce terrible accident.
Pour autant, sans mettre en doute les affirmations de l'association, il me semble difficile pour quelqu'un qui n'a pas étudié ce dossier dans sa complexité, d'émettre un avis sérieux.
Je ne jugerai donc pas la gestion de cette catastrophe par l'Etat et encore moins par la Justice.
Il me semble par contre que la gestion par la SNCF n'a pas été à la hauteur de ce qu'elle aurait dû être. Il semble effectivement que l'entreprise a failli en matière d'entretien, mettant ainsi la vie d'autrui en danger pour des questions économiques. Ceci n'est pas acceptable de la part d'une entreprise contrôlée par l'Etat.
Et cela prouve une fois de plus que le service public est abandonné au profit "du profit" ce que je combats ardemment.
La remise à niveau des lignes classiques
Constatant que l'entretien du réseau classique est négligé depuis 30 ans au profit du "tout TGV", l'association sollicite les candidats pour connaître les moyens qu'ils proposent pour la remise à niveau des lignes classiques et de la ligne POLT en particulier.
Il serait bien présompteux de répondre précisément tant il s'agit là d'un dossier éminement technique. Il s'agit donc plus d'afficher une volonté politique que de rentre dans le détail de mesures qui ne pourraient qu'être fantaisistes.
Alors, OUI, j'ai une véritable et farouche volonté de faire pression sur la SNCF pour qu'elle équilibre ses budgets et, plutôt que de dépenser dans des campagnes de marketing inouïes autour de ce qu'elle ne veut plus appeler TGV mais InOui, qu'elle se consacre à l'essentiel : assurer la sécurité de ses lignes, de toutes ses lignes et, concernant la Creuse, que la ligne POLT redevienne ce qu'elle était des dizaines d'années en arrière à savoir une ligne moderne et utile.
Le maintien des guichets dans les gares et des services publics
L'Etat ne peut pas à la fois dire qu'il encourage l'emploi et en détruire autant dans le monde rural avec une double peine, celle d'isoler de plus en plus les citoyens éloignés des centres urbains.
La notion d'écologie, la notion de développement durable passe par un équilibre entre l'économie et le social.
Outre le fait qu'il n'est pas normal que la SNCF remette en cause unilatéralement des éléments contractuels de la convention TER, il est de manière plus générale pas normal que l'Etat ne fasse pas respecter ses engagements au service du citoyen.
Le rôle du député est de contrôler l'action du gouvernement. Il convient donc qu'il conteste ici la manière dont cette convention est appliquée et propose, après analyse collective, la meilleure des solutions pour contraindre la SNCF à respecter sa signature.
La fermeture des services publics en milieu rural réside dans les différentes réformes territoriales qui se succèdent et isolent de plus en plus "la campagne" au profit de "la ville".
Les fusions de communes, l'élargissement des communautés de communes, la fusion de syndicats mixtes intercommunaux sont autant de coups portés à la ruralité et aux services publics qu'on regroupe en un seul lieu, généralement peu central et beaucoup éloigné "des gens" ...
Il faut impérativement revenir au bon sens des années passées :
- présence humaine dans toutes les gares assurant un emploi, la sécurité, le lien social ... ;
- mise en place de "maisons des services" - même petites - regroupant différentes fonctions (relais postal avec accès aux services financiers par le biais d'une permanence régulière ou ponctuelle, permanences régulières de représentants des organismes financiers, sociaux ou juridiques - assistantes sociales, conciliateur de justice, siège social des associations locales, bibliothèque-médiathèque, ...) dans toutes les communes rurales disposant d'activités économiques reconnues et multiples venant ainsi en complémentarité des activités privées locales.
- des maisons pluridisciplinaires de santé certes mais à condition qu'elles soient vraiment pluridisciplinaires et qu'elles ne se limitent pas au seul médecin généralites. Installées en général dans les chefs-lieux de canton, elles doivent impérativement offrir une offre de soins la plus complète possible avec des spécialistes ad hoc. Le rôle du député est de trouver les moyens par la loi de rendre attractive l'installation en zone rurale.
Ces mesures génèrent de la richesse par l'emploi, assurent du développement économique et créent du lien social.
Certes les services publics peuvent ne pas se présenter sous leur forme initiale mais il est impératif de les faire revenir en zone rurale. Le député élu en juin 2017 sur la circonscription de la Creuse devra en faire son principal moteur d'action.
Le dialogue
La charte du Service Public, signée par l'Etat prévoit notamment "que toute réorganisation se traduise par une amélioration dans la qualité des services rendus aux collectivités ou à la population" et de "faire procéder toute réorganisation ou création d'une véritable concertation, animée par le préfet, avec les élus, les opérateurs de service public et les usages".
Il est clair et démontré que cette charte n'est pas suffisamment appliquée et que le manque de dialogue est patent entre élus et professionnels ou citoyens concernés.
Cela a été notamment prouvé lors d'une rencontre entre l'Association des Maires de France et les jeunes médecins en mai à Paris. Ceux-ci ont en effet " regretté que les élus ne soient pas plus étroitement associés aux décisions locales impactant les territoires."
Le député - outre son rôle de législateur et contrôleur de l'action du gouvernement - est de faire le lien entre son territoire et l'Etat. A ce titre, c'est à lui que revient - en lien étroit avec le Préfet - d'animer et faire le lien entre tous les acteurs concernés de la Creuse pour qu'un véritable dialogue s'instaure au travers de réunions régulières avec les organismes concernés.
De la discussion jaillit la lumière. Je m'engage, si je suis élue, à établir ce dialogue permettant de trouver les justes mesures pour recréer de véritables services publics disposant de moyens humains et modernisés au profit du citoyen, lui apportant en milieu rural les mêmes services que ceux dont disposent les urbains. C'est d'abord et avant tout une question de bon sens.
Peut-être n'est-il pas nécessaire d'inscrire la Charte du Service Public dans une loi qui est contraignante alors qu'une Charte est plus évolutive. Le député doit par contre contrôler qu'elle soit appliquée et des mesures fermes doivent être trouvées pour en faire appliquer les termes, comme pour obliger les entreprises publiques à répondre aux élus.
J'ai moi-même été confrontée à des "oublis" de la Poste de répondre ... Je n'ai pas cédé et ai obtenu gain de cause. Les élus doivent être respectés par la SNCF, La Poste et tout autre organisme dépendant peu ou prou de l'Etat. Le député, par son pouvoir de contrôle, peut rappeler à l'ordre ces entreprises publiques ... et encourager ses collègues élus locaux à insister jusqu'à obtenir réponse satisfaisante. C'est l'intérêt du citoyen qu'ils défendent ...
La concurrence
Je ne suis pas opposée à la concurrence sous réserve qu'elle ne soit pas "sauvage". La concurrence est stimulante sous réserve qu'elle soit appliquée de manière raisonnable.
Quand ce n'est pas le cas - et on le voit pour ce qu'on appelle "les cars Macron" où la concurrence s'est avérée "sauvage" -, l'échec arrive vite.
J'aurais quant à moi préféré que le train reste le moyen de transport privilégié sur les grandes lignes comme sur les lignes régionales à condition comme on l'a vu ci-avant de prévoir aussi des arrêts plus nombreux à certains horaires, et que le transport par car soit favorisé là où le train n'existe pas ... c'est-à-dire en milieu rural.
Au milieu du XXè siècle, des lignes de car relayaient les villages aux chefs-lieu de canton permettant aux populations qui n'étaient pas motorisées de pouvoir se déplacer aisément. La crise économique qui perdure, le vieillissement de la population, l'installation de néo-ruraux en campagne pour leur retraite ... voient arriver des populations n'ayant pas la possibilité de se déplacer, ne serait-ce que pour aller se faire soigner dans les maisons de santé.
Mes propositions
Elles apparaissent dans mes réponses :
- l'aménagement du territoire passe par le développement des services publics et pas seulement ferroviaires ;
- installation de maisons de services plus nombreuses et "ouvertes" sur un véritable bouquet de services (postal, financier, juridique, social, associatif ...) - ça marche, je l'ai expérimenté dans un village de 775 habitants dont j'étais le maire ; c'est au moins un emploi à temps partiel qui peut être complété par un ou deux volontaires du service civique à qui on permet ainsi de faire ses premiers pas dans la vie professionnelle. Ca marche aussi, ça facilite l'accès à l'emploi pour des jeunes, je l'ai expérimenté.
- une politique incitative pour la venue de médecins généralistes et spécialistes en milieu rural avec, pourquoi pas, une formation rémunérée contre la garantie d'une installation en milieu rural et son maintien pendant une durée déterminée ;
- l'installation de médecins libéraux dans les "petites communes" associée à la mutualisation d'un secrétariat, d'un local commun où partager ses expériences et ses permanences de nuit et/ou week-end et de l'équipement nécessaire à la télé-médecine ;
- un réseau de communications terrestres dense et diversifié : des grandes lignes ou lignes régionales avec des arrêts plus nombreux et plus proches des nécessités des populations à certains jours et/ou heures de la journée, des cars en campagne pour relier les villages aux villes centre.
Le premier des moyens pour mettre en oeuvre ces propositions est la volonté politique.
Le second est le bon sens.
Le troisième, nerf de la guerre, est l'argent. Relancer l'emploi par la présence humaine dans les services publics génère :
- des économies (baisse du chômage, sécurité des lieux mieux assurée, etc. ...)
- et des richesses (un salaire encourage la consommation, un service public fait revenir des populations en milieu rural, un territoire qui vit génère des impôts et taxes pour financer le service public ...) ;
- des recettes car les citoyens peuvent être amenés à payer des services particuliers.
Il me reviendra en tant que député porteur de ces projets de les chiffrer précisément, de convaincre de leur intérêt et à l'Assemblée Nationale d'arbitrer.